Soyons honnêtes, que nous soyons favorables ou non à la Gestation pour autrui [GPA], il convient d’admettre que nous sommes souvent ignorants sur le sujet, à moins d’y avoir été confronté. Partant de ce constat, et des nombreux préjugés conséquents sur le sujet, l’animateur de 49 ans nous raconte son propre parcours dans ce mode de procréation, mais également celui d’une dizaine d’autres Français y ayant eu recours. Concret et ne versant pas dans l’angélisme, l’ouvrage nous confronte aux multiples réalités de la GPA. Instructif.
C’est en 2009, après avoir étudié les différentes possibilités pour devenir pères, que le parcours de Marc-Olivier et de son futur mari François [avec qui il s’est marié en 2013] dans la GPA débute. Un chemin éprouvant qui aboutira à la naissance de Mila en 2011, puis de Lily en 2013. Deux Gestations pour autrui menées aux États-Unis, où ce mode de procréation est autorisé et encadré depuis 1976.
Dans cet ouvrage, la volonté de l’auteur n’est pas de raconter « gratuitement » les détails de cette épreuve intime, mais plutôt de mettre fin aux fantasmes circulant sur le sujet. Parler enfin de la réalité du terrain, et notamment de l’existence de « la GPA éthique ».
Le livre se révèle ainsi informatif et pédagogique, à travers les différentes étapes expliquées.
Le livre se révèle ainsi informatif et pédagogique, à travers les différentes étapes expliquées. On apprend, par exemple, qu’en Floride [là où l’animateur a procédé à ses deux GPA], les conditions d’éligibilité pour la mère porteuse [qui n’est pas la donneuse d’ovocytes] sont drastiques. Celle-ci doit déjà avoir au moins un enfant, ne pas en avoir perdu, avoir une situation financière stable, et ne pas dépendre des aides sociales.
Même si la question financière n’est pas éludée, Fogiel met surtout en avant la volonté altruiste de ces femmes qui souhaitent, avant tout, rendre service à ceux qui ont des difficultés pour être parents, et avec qui la relation dure bien après la naissance des enfants.
« Un flou juridique qui met en danger des enfants existant déjà »
Mais, loin de vouloir présenter un tableau idyllique, l’auteur parle également des dérives de ce mode de procréation imparfait. Car, pour dresser le portrait de l’ensemble des réalités de la GPA, Mof ne se contente pas de parler seulement de son parcours. Il est aussi allé à la rencontre d’une dizaine d’autres Français y ayant eu recours.
Si le récit narre les étapes d’avant-accouchement, qui sont sensiblement les mêmes pour chaque cas, là où s’attarde davantage le livre, c’est sur la diversité des difficultés rencontrées après la naissance, souvent synonyme de début d’un calvaire.
L’auteur pointe un appareil juridique français, souvent ignorant des règles sur le sujet ou niant la réalité de ces enfants [et des lois] par idéologie personnelle. Des imbroglios qui mènent à des situations ubuesques parfois très longues, voire des drames. Le tout au mépris d’un enfant qui se retrouve en insécurité juridique.
Si certains veulent voir dans cet ouvrage, une tribune pro-GPA, Fogiel se garde bien d’émettre le souhait d’une future ouverture en France. Il appelle surtout le président Macron à protéger ces enfants existant déjà, nés d’une réponse humaine à un problème humain.
PLUS D’INFOS :
Qu’est-ce qu’elle a ma famille ? de Marc-Olivier Fogiel, éd. Grasset