Déjà 11 ans qu’Yvette Leglaire triomphe au Point Virgule, le plus gay de tous nos théâtres. L’équipe de Qweek a assisté il y a une semaine à son spectacle, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la surprise fut bonne. Talent, énergie et inventivité pour un spectacle hilarant mais aussi émouvant, accompagné d’une mise en scène soignée. Yvette surprend et se joue d’un ringardisme assumé pour mieux le dépasser. Elle se joue d’elle mais également de l’actualité. Bref à Qweek, on recommande!
En attendant de la retrouver, vous aussi, sur scène, voici l’entretien, que le personnage haut en couleurs, a accepté de nous donner.
Chère Yvette, peux-tu retracer les grandes étapes de ta carrière au Point Virgule et en particulier ce qui se passe en ce moment au théâtre pour toi ?
Je suis arrivée au Point Virgule après avoir présenté mon spectacle en show case un certain 6 novembre 2005, une date très symbolique pour moi car c’est le titre d’une chanson de Barbara : Chanson pour une absente ou le 6 novembre.
Je venais de triompher au Festival d’Avignon et j’avais envie de revenir chanter à Paris, ce que je n’avais pas fait depuis trop longtemps.
Et puis les années ont passés, dix hivers, dix étés…(Hommage à Dalida)… toujours accompagné par mon fidèle pianiste Bertrand Ravalard, qui a toujours tout accepté de moi, sauf mes avances…
Pour fêter mes 10 ans d’amour au Point Virgule, j’ai conçu une sorte de Best Of, un florilège, un pot-pourri, comme on dit en français, de ces deux spectacles… Nous sommes donc 3 sur scène, mon danseur, mon pianiste et moi. C’est un grand show à l’américaine, enfin, à la française….c’est à dire, avec beaucoup d’idées et peu de moyens.
Comment le personnage d’Yvette est-il né ?
Je suis née comme tout le monde, dans une rose ! Une rose un peu fanée certes mais avec beaucoup d’épines. Tant que ce n’était pas un chou… Et j’ai eu une carrière aussi discrète que possible pendant plusieurs décennies.
Je pensais être complétement oubliée du public et c’était vrai. Mais le formidable
Vartoch, créateur de l’ Eurovartovision, un spectacle parodique sur le concours eurovision de la chanson, m’a demandé en 2002 de revenir sur scène pour défendre de nouveau la chanson gagnante de 1973 : Tu te reconnaitras d’ Anne Marie David.
Et le public m’a reconnu, m’a adulée, m’a suppliée de revenir, de chanter de nouveau tous mes succès… à venir…
J’ai rencontré mon pianiste et je suis repartie sur les planches, avant d’être entre 4 planches.
Ma carrière a pris des dimensions extraordinaires, j’ai chanté à l’Olympia, aux Folies Bergère, à la Cigale, à Bobino … Seule ou dans des spectacles en commun, notamment avec Édouard Baer pour son premier spectacle.
Je vis un rêve depuis déjà 10 ans et je le dois à mon public fidèle et merveilleux, mon amant à mille bras comme disait Barbara.. (plutôt 100 bras pour moi…)
Quelles sont les secrets d’un succès si durable ? Du talent et un grain de folie non ?
Quand la directrice de l’époque du Point Virgule m’a proposée l’horaire du dimanche soir à 22h30, j’ai accepté tout de suite bien sûr. Ce n’était pas l’horaire le plus facile mais à cette époque, il y a avait encore beaucoup de bars dans le quartier notamment des bars gays et une vie nocturne importante. Je l’ai pris comme un challenge, et puis, ça me permettait de chanter les autres jours ailleurs, en tournée, ou dans d’autres spectacles.
Ce rendez-vous hebdomadaire m’a aussi permise d’assurer toutes les représentations du spectacle d’ Edouard Baer à la Cigale pendant les années 2006 et 2007.
Les passages à la télé comme « La France à un incroyable talent », ont-ils été bénéfiques pour ta carrière ?
Cette émission a changé ma vie et je ne sais pas si j’aurais pu continuer au Point Virgule sans cette exposition médiatique. Près de 10 ans après, les gens dans la rue s’arrêtent devant mes affiches et en parlent encore. En province, le public s’en souvient encore plus et c’est un argument de vente pour trouver des contrats et des salles de représentations. La télévision, ça reste magique et les gens pensent que c’est un gage de qualité…
Maintenant, voilà, c’est fait, j’ai eu mon heure de gloire et aujourd’hui, ce sont mes années bonheur… (sans Sébastien). Je n’ai pas spécialement l’envie de faire de la télévision, ce n’est pas une priorité. Le public qui vient me voir m’aime à priori, c’est tellement rassurant. Alors qu’à la télévision, on s’expose à tout le monde et à des personnes qui peuvent vous détester.. J’en ai fait les frais à l’époque. L’intolérance et la méchanceté existent toujours. Aujourd’hui, je me protège.
Comment vois-tu ta carrière dans deux trois ans ? La musique par exemple laissera-t-elle plus de place à l’humour ?
Je suis comme une débutante, j’ai tellement de projets, de choses à faire avant qu’il ne soit trop tard. Mon premier projet est de sortir un album.
J’ai travaillé avec l’équipe d’ Ysa Ferrer, notamment avec son compagnon Daniel Castano. Tout, l’écriture, l’enregistrement, la réalisation s’est passée dans la bonne humeur et l’amitié. Un merveilleux souvenir. Et puis, un disque continue l’aventure d’une chanson, c’est un morceau de moi que chacun emporte avec lui, comme un gâteau partagé.
Là, je veux aller plus loin, avec des chansons originales plus personnelles, sur ma vie, mes désirs et mon amour des autres chanteuses, mais aussi avec quelques sujets plus osés, histoire d’enfoncer le clou et de faire un peu de buzz.
Et que ça amuse surtout, je suis là pour faire rire… Les gens ont tellement besoin de rire.
Avec ce disque, je préparerai un nouveau spectacle pour 2016. Juste après mon Best Of…
Il y aura toujours de l’humour, autour de mes chansons. C’est un équilibre.
Nos lecteurs gay peuvent ils te croiser dans des lieux que tu affectionne dans le Marais ?
Les lecteurs de Qweek peuvent me retrouver dans les bars, j’aime la convivialité et l’alcool…
Donc, vous avez compris, j’y suis tous les soirs. Les bars gays m’ont toujours soutenu, je leur dois beaucoup.
Alors, sans vouloir tous les citer, et de peur d’en oublier, je vous donne rendez- vous à Ze Baar, au Sly, au Labo, à Pour une fois qu’on sort, au Mange Disque chez mon ami Hervé, fidèle de la première heure.
J’aime aller diner à Ze Resto, au Gai Moulin, aux 4 pattes, chez Tata Burger… Et désolé pour tous ceux que je ne cite pas, je vous aime aussi.
Et de temps en temps, je me détends discrètement au Gym Louvre… Je suis la seule femme autorisée…Chut….
Christophe Soret & Grégory Ardois-Remaud