Signé Victorien Biet, l’agneau sacrificiel met en scène le parcours meurtrier d’un artiste assassin, « le tueur des quais de Seine ». À la croisée entre le thriller et le milieu LGBT, l’auteur parisien nous offre une divine allégorie d’un personnage en mal de vivre qui a sombré. Une histoire sombre, mais profonde dont l’écrivain nous parle.
L’agneau sacrificiel est votre premier ouvrage. Qu’est-ce vous amené sur le terrain de l’écriture ?
J’avais besoin de purger ma colère contre un monde qui rejette les faibles, les incompatibles et la diversité, mais aussi contre une société qui impose un cadre et qui étouffe. C’était une forme de catharsis.
Encore aujourd’hui, je me sens dominé par ce système de valeurs et de pensées. Alors, écrire là-dessus me permet donc de reprendre le contrôle sur l’intolérable impuissance qui nous frappe tous et sur mes obsessions.
Avec ce livre, vous êtes un des uniques auteurs à mêler le thriller et la sphère LGBT dans un seul et même univers. Est-ce un moyen de vous démarquer des autres artistes ?
Pas du tout. En vérité, je n’ai fait que verser beaucoup de moi dans ces pages. En tant qu’homme bisexuel en plein questionnement (sur le genre, notamment), il fallait que je montre un personnage qui me ressemble et qui a des problèmes similaires aux miens. La seule différence entre lui et moi est qu’il les résout d’une manière bien plus horrible.
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Cela dit, je dirais que mon roman se démarque dans le sens où la dénonciation de l’injustice mêle à la fois ce qui se passe en dehors et au sein de la communauté. Manque de solidarité, exclusion et discriminations, pour citer quelques exemples. C’est en cela que réside le déclencheur de la folie meurtrière qui va suivre durant le reste de l’intrigue.
Pour autant, cette approche assez atypique vous rend-elle fier ?
Oui, totalement. Me distinguer, c’est dans ma nature. Et puis, j’ai toujours eu envie d’écrire un roman de littérature underground dont le héros appartiendrait à la communauté LGBT. D’autant plus que, en dehors d’auteurs comme Olivier Py ou Poppy Z. Brite peut-être, personne d’autre n’a traité de quelque chose de semblable.
Toutefois, ce qui me rend encore plus fier, c’est d’avoir réussi à mettre sur pied cette histoire qui me tenait à cœur depuis si longtemps et je suis plutôt content d’avoir pu me la sortir de la tête. Surtout qu’elle n’a pas toujours été un compagnon très sain.
En ce sens, considèreriez-vous votre œuvre comme une fiction autobiographique ?
Je ne sais pas vraiment. Il est vrai que j’ai introduit beaucoup de moi dans ce personnage et que je me suis servi de certains aspects du récit pour régler mes comptes et tourner la page d’une époque de ma vie dont je préfère ne pas me souvenir. Pour ça, ce héros, c’est moi dans un univers parallèle. C’est le moi qui, lui, a craqué.
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