À Paris, le Mémorial de la Shoah livre une exposition inédite sur les persécutions homosexuelles en Europe nazie. Une belle mise en lumière sur un pan tant oublié de l’histoire.
Au commencement était volonté à ne plus s’invisibiliser… En pleine Belle Époque, les communautés inverties (qualificatif du « gay » actuel) et lesbiennes sortent d’un profond sommeil. Un peu partout dans le continent, des mouvements identitaires prennent place pour donner une voix aux oublié.e.s du XXe siècle. C’est la genèse d’une longue période de révolte et de persécutions… sous l’Europe Nazie d’après première guerre mondiale.
Rapporter TOUTE l’histoire
Partant de l’euphorie des années folles, le Mémorial de la Shoah met en lumière sur la population homosexuelle, à la fois aimée et réprimée. « L’exposition répond à un enjeu scientifique et d’hommage en montrant l’ampleur des persécutions nazies, mais aussi la richesse des subcultures gay et lesbiennes. », confie la commissaire du projet, Florence Tamagne. Soit, un parfait moyen de taire « les contre-vérités » sur un fléau non exclusif à l’Allemagne.
Retrouvez également : Le Mémorial de la Shoah commémore les vies homos sous le nazisme
Dans un travail de recherche précis, cet itinéraire séculaire inclut des archives d’époque : revues, documents administratifs, ouvrages littéraires, plans, etc. Ce qui démontre une réelle volonté à lever le voile sur une période qui ne se résume pas qu’aux victimes juives. « L’inscription dans une temporalité plus large permet de ne pas isoler le nazisme comme une parenthèse incompréhensible, mais de montrer qu’elle s’intègre dans une longue histoire de répression de l’homosexualité en Europe. », confie l’instigatrice du projet.
Enfin, outre le recensement purement factuel, l’objectif est aussi d’illustrer des personnalités qui ont marqué ce siècle bouleversé. Magnus Hirschfeld, Erika et Klaus Mann, Eva Kotschever, Joseph Regisser, Rudi Pallas, Robert Oelbermann et Gertrude Sandmann pour n’en citer que quelques-uns. En somme, c’est un travail mémoriel qui s’opère au-delà du climat plus qu’anxiogène de la guerre.
Reconnaître les victimes et les survivants
À ce jour, l’histoire fait état de 100 000 personnes gay et lesbiennes fichées pendant l’ère nazie, la moitié d’entre e.ux.lles ont été condamné.e.s. Pire encore, 5000 ont été déporté.e.s et/ou exterminé.e.s. Alors, un siècle plus tard (et près de 20 ans après l’Allemagne), la France a, avec cette exposition, ce devoir de reconnaître pleinement les persécutions homosexuelles avant, pendant et après cette période. Ce qui est, comme souligné, le parfait moyen d’apprendre de ce triste drame et d’y mettre définitivement un terme. D’autant que « le Mémorial de la Shoah a fait de la lutte contre le retour des haines l’un de ses objectifs », comprenant ainsi les LGBTphobies, « qui reste d’actualité ».
Plus d’infos :
Vous pouvez découvrir l’histoire des persécutions homosexuelles sous l’Europe nazie jusqu’au 22 février 2022 au Mémorial de la Shoah. L’événement est gratuit.