Les Tasses

Les Tasses de Marc Martin revient à Paris

Les Tasses de Marc Martin fait son retour à Paris, à partir du 15 décembre. Le temps d’une exposition éphémère, le photographe parcourra une nouvelle fois l’histoire autour de...
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Crédit photo : Marc Martin

Les Tasses de Marc Martin fait son retour à Paris, à partir du 15 décembre. Le temps d’une exposition éphémère, le photographe parcourra une nouvelle fois l’histoire autour de ce lieu de drague historique. 

Toujours plus gay ! Marc Martin revient à Paris avec une nouvelle exposition, Trace des Tasses, à partir du 15 décembre. Après une première manifestation éphémère à l’automne 2019, le photographe revisitera à nouveau les toilettes publiques, lieu de drague communautaire historique. On pouvait s’y affranchir un instant de la norme, mais les prises de risques étaient considérables à l’époque, expliquait alors Marc Martin à Têtu. Il ne faut pas oublier que l’homosexualité a été réprimée en France jusqu’en 1982 ! La police des mœurs surveillait les tasses et leur détournement d’usage pour outrage public à la pudeur. Pourtant, le désir de ces hommes était plus fort que l’oppression », poursuivait l’artiste. Jusqu’au 3 janvier prochain, les visiteurs pourront donc (re)découvrir le travail de Marc Martin, du mercredi au dimanche, de 13h30 à 19h.

De son apparition …

Traditionnellement nommées Vespasiennes, les toilettes publiques apparaissent pour la première fois au cours du 19e siècle. Au-delà des simples besoins urinaires, elles deviennent rapidement le lieu de drague gay masculin par excellence. Des personnalités politiques se prêtent au jeu et se mettent à rencontrer des hommes en secret dans ces toilettes.  Un véritable espace naît alors, “plus libre que la zone libre » et « bulle ouverte à tous les fantasmes”. 

Dans les années 1840, le ministre de l’information en exercice est retrouvé coincé dans une de ces pissotières. Il trouve comme unique excuse, “Je m’informe, voyons” et échappe à la condamnation. Toutefois, un second scandale va mettre le feu aux poudres et lever le voile sur ce lieu de drague. Eugène Le Bègue Germiny est en effet pris en flagrant délit de fellation sur un jeune ouvrier dans une vespasienne des Champs-Elysées. Il est jugé et démis de ses fonctions, avant de devoir s’exiler à l’étranger, en Argentine, où il termine ses jours. 

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Dès lors, la population gay s’arme de petites parades pour rester dans l’ombre, comme des trous percés. Au cours du 20e siècle, les Années Folles marquent l’apogée de ces pratiques. Les hommes favorisent l’excitation du rapport sexuel, du contact des corps et laissent libre cours à leur côté primaire. Le “toilette” devient un important “glory hole”, grand classique du fantasme gay.  Suivant cela, de nouvelles pratiques fétichistes apparaissent, notamment celles portées par les croûtenards et les soupeurs, tenues par beaucoup comme une légende. 

… A son déclin

Au lendemain de la Libération, le gouvernement sonne la fin des Vespasiennes. Il entend en effet rendre la ville toujours plus propre et plus saine, et mettre fin aux rapports homosexuels et à l’exercice illégal de la prostitution. “Les vespasiennes les plus proches des casernes disparurent les premières : il y allait du salut de la France. On supprima aussi aux abords des usines des vespasiennes prolétaires où de jeunes apprentis prodiguaient des joies coupables aux ouvriers syndiqués.” 

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Dans les années 1960, l’installation de lavatories pour hommes et femmes annoncent le début de la disparition de ces toilettes publiques. A la disparition totale des Vespasiennes, en 1981, ces fétichistes se dirigent vers les nouveaux urinoirs de la Gare du Nord pour entreprendre leur penchant. Aujourd’hui, seule une dernière vespasienne, située à proximité de la prison de la Santé, boulevard Arago, a survécu aux disparitions massives de ces toilettes, avec le “pissoir” du terrain des boulistes du jardin du Luxembourg. L’une et l’autre attendent une inscription… aux Monuments historiques, en souvenir de l’écrivain Henry Miller, grand amateur de ces lieux d’aisance tellement français.

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Crédit photo : Marc Martin

Plus d’infos : 

Pour découvrir le travail de Marc Martin, rendez-vous sur son site web. Vous pouvez assister à l’exposition Le retour des Tasses du mercredi au dimanche, de 13h30 à 19h, au 39 rue Poitou à Paris.

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