Depuis 2008, Next Gaymer œuvre pour un espace sans discriminations pour les joueurs LGBTQI+. Grâce à une communauté qui ne cesse de s’agrandir, avec plus de 10 000 membres, elle se mobilise chaque année pour faire changer les mentalités et briser les stéréotypes : conférences, marche des fiertés, etc. Après une première interview pour Qweek deux ans plus tôt, l’équipe de Next Gaymer fait un nouvel état des lieux sur les actions de leur association.
Cela fait 12 ans maintenant que Next Gaymer existe, ce qui fait d’elle la plus ancienne association. Comment expliquez-vous cette pérennisation ?
Les supports de Next Gaymer offrent un espace qui protège nos membres des comportements, propos et attitudes homophobes qu’ils cherchent à fuir. Nos bénévoles s’investissent pour maintenir une entente bon-enfant et bienveillante entre nos membres, et à être des moteurs dans l’organisation de rassemblements virtuels et en réel. Tout cela répond à un besoin de milliers de gaymers et gaymeuses dans tout l’hexagone, cela rassemble et (re)sociabilise certain(e)s d’entre nous.
En ce sens, agissez-vous en toute autonomie sur la scène publique ?
Oui. Nous avons la chance de pouvoir réunir une communauté plus importante que d’autres associations plus petites, ce qui nous donne la capacité de proposer des projets, des initiatives. Mais, cela ne se fait pas sans contrainte.
Nous nous devons d’être un lieu on ne peut plus exemplaire, même au sein de notre propre communauté, ce n’est pas de tout repos ! Maintenir un état d’esprit et instaurer un accueil bienveillant nécessite une grande vigilance, beaucoup de modération et de pédagogie, ainsi qu’une ligne directrice forte.
Les actions de votre association se limitent-elles à venir en aide aux gaymers ou intervenez-vous aussi dans les institutions publiques comme les écoles, les entreprises etc. ?
Notre objectif est avant tout d’offrir une sorte de sanctuaire pour tous les gaymers victime d’exclusion par une partie de la communauté LGBT et par la communauté de gamers. En se faisant connaître, nous permettons aussi à ceux qui en ressentent le besoin de nous rejoindre.
Nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie sur les réseaux sociaux (facebook, twitter, Discord…) et prenons la parole dans les médias et aux conventions de jeux vidéos Françaises. L’an dernier, Next Gaymer a eu l’opportunité d’intervenir lors de la conférence, “Les LGBT dans le game” à la Paris Games Week.
Comme les LGBTphobies dans le sport, les discriminations (rejet, moquerie et manque de tact et de considération) des gaymers sont-elles la conséquence directe du regard de la société, l’Homme ?
Les deux se rejoignent, même, et partagent un grand nombre de similitudes, à savoir la compétition, la performance et la domination: Les compétitions de jeux-vidéo se nomment d’ailleurs e-sport… Cela montre bien à quel point les jeux vidéo et le sport sont extrêmement proches.
Les campagnes publicitaires se sont pendant longtemps employées (certaines continuent encore aujourd’hui) à faire croire que ces domaines étaient exclusivement réservés aux hommes, qui plus est blancs, hétérosexuels et “virils”. Toutes les minorités ont pâti de cette représentation unique dans le sport ou les jeux vidéos : les femmes, les personnes de couleurs, les personnes LGBT+…
Davantage de personnes gay font face à la stigmatisation liée à leur consommation de jeux vidéo que les personnes lesbiennes. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Il est vrai qu’en surface, les gays sont systématiquement associés à des images dégradantes et des insultes. C’est indéniable, mais cela ne signifie pas que les lesbiennes soient épargnées pour autant. Les violences faites à leur encontre prennent simplement une forme différente.
A l’instar de ce qui est véhiculé en société, elles sont instrumentalisées ou invisibilisées. En conséquence, nous faisons tout notre possible pour leur offrir aussi un espace, afin qu’elles puissent jouer en toute quiétude via nos supports et lors de nos évènements.
Aujourd’hui, les gaymers connaissent une double exclusion, par la société à cause de leur orientation sexuelle mais aussi par la communauté LGBTQI+ à cause de leur passion pour les jeux vidéos. Pour la seconde, comment expliquez-vous ce paradoxe, alors que les LGBTQI+ connaissent une marginalisation ?
C’est humain. Lorsque l’on se regroupe à plus ou moins grande échelle, c’est pour se sentir inclus, reconnu et accepté dans quelque chose, et cela passe malheureusement par exclure ceux qui ne rentrent pas dans le groupe. Les LGBT n’échappent pas à cette réalité, même si ce n’est pas de la même manière.
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Sur ce point, les différentes sub-cultures LGBT (les bears, les loutres, les jocks, les queens, etc.) peuvent entretenir des formes de rejet entre elles, les uns pensant que les autres nuisent à leur cause. En définitive, la double casquette LGBTQI+ et geek/gamer est donc bel et bien stigmatisante. Pour autant, ce n’est pas une sentence irrévocable et heureusement.
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