Encore un établissement mythique du Marais qui tire sa révérence… et qui ne sera vraisemblablement pas reconduit. Etablissement incontournable, le Mic Man était un bar à part, et ses fidèles habitués le regretteront, tout comme Bruno, son affectueux patron. Petit adieu… grand hommage.
Par Franck Isnard
Incontournable, le Mic Man représentait vraiment bien le Marais gay.
Mai 1999. Il y a des siècles, donc… Je suis engagé comme commercial par Gai Pied, “the” symbole de la presse qu’on appelait alors “gaie”. Ce n’est pas mon premier job dans la pub, mais ça l’est dans un secteur particulier, le “milieu”. L’activité de la presse ne tremblait pas encore : Les smartphones et leurs fameuses applis n’existaient pas ; internet n’en était encore qu’à ses débuts. Pour se rencontrer, on pouvait faire semblant d’errer dans les lieux extérieurs de drague (comme le jardin ou les quais des Tuileries). Ou bien utiliser le minitel (avec pour leader le 3615 GAY) et les réseaux téléphoniques surtaxés ; ceux-ci représentaient alors 50% du chiffre d’affaires du prédécesseur de Qweek, le bien nommé “e.m@le”, qui avait été créé aux alentours de 1997. On pouvait également aller dans les bars, traditionnels ou bordels, qui étaient très nombreux dans le Marais.
A lire aussi : A Dijon, le PEUB ferme définitivement ses portes
Le Mic Man était un établissement mythique. Il représentait vraiment bien le Marais de ces années-là, avec une clientèle extrêmement fidèle, souvent de plus de 40 ans, qui bien souvent n’allaient pas ailleurs. Ils se retrouvaient dès midi, prenaient un simple café, ou un simple “demi”, et descendaient dans l’antre du sous-sol… Ou pas. Certains pouvaient y rester des heures, à regarder la télé ou discuter avec les autres clients, dont certains, je pouvais le ressentir, en avaient fait leur pièce de vie, leur (unique ?) lieu de sociabilité. Le Mic Man était un lieu vraiment convivial, décontracté et sans chichi. Là-bas, pas de place pour la discrimination anti-gros, anti-moches, anti-vieux, anti-folles. L’hiver, les murs y suintaient souvent, tant la chaleur des corps, mais aussi celle des âmes se mélangeaient.
Le Mic Man est mort. Le gay Marais se meurt. Une note heureuse, néanmoins : Après de sérieux soucis de santé, Bruno renaît doucement… Bonne retraite à toi