Écrite par Peter Darney et présentée pour la première fois à Brighton [Angleterre], en 2015, l’adaptation de cette pièce bouscule et pousse le spectateur du Théâtre Clavel dans ses retranchements les plus intimes. En effet, se focalisant sur cette thématique on ne peut plus actuelle, cette pièce va plus loin qu’un simple plaidoyer antidrogue. Nous plongeant dans la réalité la plus crue d’une soirée orgiaque, la proposition du metteur en scène, Christophe Garro, joue le jeu du « faussement léger » pour nous acculer, et nous questionner sur notre propre rapport à la sexualité. Dérangeant, mais captivant.
Par Grégory Ardois-Remaud
Lumière sombre, musique assourdissante, sex-toys à foison, poppers, GHB, cocaïne et autres produits dopants, d’emblée l’atmosphère érotique et vénéneuse est posée, avant de s’approcher dangereusement du glauque scabreux. Basée sur des entretiens menés par l’auteur auprès de consommateurs, la pièce et son metteur en scène ne nous épargne rien pour mieux nous imprégner de la réalité du chemsex qui s’offre à nous dans une ambiance en apparence joyeuse, mais plutôt menaçante.
« Lumière sombre, musique assourdissante, sex-toys à foison »
Car sur scène, au fil de la pièce, les plaisirs se conjuguent au danger planant de la mort. Dans cette course à la séduction, aux sensations et à la performance, l’aspect purement lubrique finit par se perdre, malgré le nombre de scènes très explicites. Les répliques et les actes sexuels s’enchaînent à un rythme effréné, comme dans un tourbillon infernal.
« Face à la violence du spectacle et des drames qui se jouent devant nos yeux, un sentiment nauséeux finit par affleurer »
Les cinq protagonistes se révèlent, malgré eux, dans la violence et la déshumanisation. Les rires des spectateurs devant les répliques bien senties des comédiens se font alors plus rares. Les différents profils des personnages, très pertinents, dont le bisexuel Mehdi [joué par le très bon Jonathan Louis], font mouche par leurs failles finalement universelles et leur solitude abyssale. Face à la violence du spectacle et des drames qui se jouent devant nos yeux, un sentiment nauséeux finit par affleurer.
« Le pari est réussi »
Si à l’entrée de la pièce, nombre de spectateurs pensaient pouvoir se rincer l’œil devant un spectacle léger et érotique, à la sortie, les regards sont troublés et stupéfaits, notamment par la violence d’un final osé et dérangeant. Avec ce projet, Christophe Garro souhaitait éveiller les consciences sur les dangers du chemsex, le pari est réussi. À noter que la pièce originale est en cours d’adaptation pour le cinéma.
PLUS D’INFOS :
5 Guys Chillin’
Au Théâtre Clavel
Jusqu’au 27 février
Logo Facebook : @FiveGuysChillin
ÇA PARLE DE QUOI?
Contactés via une application de rencontre, Julien et Mark se retrouvent pour une soirée chemsex. Ils sont rejoints par le couple Raphet Benoît, puis par Mehdi, bisexuel. Entre prise de drogues et pratiques sexuelles, les consciences s’éveillent…