Opal.e naît à l’aube du premier confinement. Drag essentiellement numérique, elle trouve sa place auprès de la Graham family, ce qui la propulse sur la scène queer et le.la fait connaître un peu plus. Aujourd’hui, celle qui est notre créature du mois continue à booster son approche au drag, dont il.elle en dévoile les coulisses.
Pourquoi avoir choisi Opal.e comme nom de personnage ?
En commençant le drag, j’ai pu me sensibiliser de façon plus profonde aux problématiques de genre notamment en adoptant l’écriture inclusive. De plus, j’ai un alter ego drag king qui s’appelle Opal sans œufs (petite référence à la série Anne avec un E, et mon dégoût pour les œufs) que j’utilise pour tourner en dérision la masculinité toxique.
Avoir un nom neutre est-il un moyen de passer outre les questions de binarité ?
Cela permet en effet de faire un fuck à la vision binaire que nous impose la société, mais aussi de pouvoir switcher plus facilement entre mon côté Opale et son extrême opposé Opal sans œufs.
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Dès la première photo, on est face à un talent spatial qui semble toucher jusqu’au plus profond de la psyché humaine. Diriez-vous que c’est ce qui fait l’originalité de votre drag personae, Opal.e ?
Effectivement. J’essaie de tout le temps raconter une histoire ou transmettre une émotion que je peine à verbaliser, en particulier à travers mes clichés. De ce fait, j’arrive à utiliser ma sensibilité dans mon art pour que mon audience puisse d’une façon ou d’une autre créer un lien avec moi.
À travers vos différents looks, on semble reconnaître un peu de réappropriation des univers du groupe La Femme et Lady Gaga. Sont-ce là vos sources d’inspiration ou y’en a-t-il d’autres ?
Oui c’est vrai, Lady Gaga est sans doute mon premier référentiel, notamment pour tous ces clips de The fame monster et Born this way. J’apprécie aussi beaucoup des interprètes francophones comme Yseult.
Je pioche également chez des personnages fictifs, comme Daenerys Targaryen ou Storm des X-men. Enfin j’aime le travail de certains photographes tels que Luke Nugent ou le duo SH Sadler.
Porter fièrement vos couleurs est-il un moyen de mettre l’intersectionnalité sur le devant de la scène ?
Totalement. J’essaie de créer quelque chose de beau à partir des différentes discriminations que j’ai pu subir (je suis noir, gay et musulman), ou dont j’ai pu être témoin. C’est en partie pour cela que j’opte pour une esthétique très léchée, afin que la forme soit plus attirante.
En cela est-ce là le meilleur moyen de vous mobiliser, comme vous le faites en faveur du mouvement #Blacklivesmatter ?
Oui et non. Selon moi, s’engager au mieux dans une cause, c’est avant tout utiliser ce que l’on sait très bien faire en faveur de cette dernière. Je maîtrise assez bien Photoshop, et le montage vidéo, je m’en suis donc servie pour créer une série de contenus artistiques pour dénoncer les violences policières.
Finalement, qu’a Opal.e de plus que la personne que vous êtes au quotidien ?
Opal.e n’a pas peur de prendre des photos et de se rendre compte qu’ielle est moche. Plus sérieusement, Opal.e a plus d’assurance et arrive plus facilement à exprimer ses émotions sans craindre d’être ridicule.
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Le fait d’être quelqu’un d’assez sensible, à toujours était un handicap pour moi, mais pas pour Opal.e, car ielle s’en sert pour faire de belles choses.
Plus d’infos :
Retrouvez également l’interview avec notre créature du mois, Opal.e, dans le dernier numéro de Qweek disponible en ligne sur Calaméo, et dans les établissements partenaires à Paris.