Fin 2020, le premier calendrier queer a fait son apparition en France. En quelques semaines, ce projet novateur a rencontré un certain succès auprès du public LGBTQI+. Aujourd’hui, Emmanuel Quintela, un des initiateurs, entend se servir de cette visibilité pour préparer une seconde édition, encore plus pailletée.
Avec l’arrivée de l’émission mainstream Rupaul’s Drag Race, en 2009, la scène artistique queer a connu une véritable notoriété, aux États-Unis et à travers le monde. En Europe, la France n’a pas échappé à ce phénomène de grande ampleur. Drag-kings, drag queens, drag-queers, club kids… De nombreuses créatures ont fait leur apparition un peu partout à Paris. Nicky Doll, Cookie Kunty, Icee Drag On, Kam Hugh, Calypso Overkill, Ghost Elektra, Texia Slater, Lola Le Quetzal et Opal.e, pour n’en citer que quelques-unes. Alors, près de 11 ans plus tard, un collectif d’artistes et de militants LGBTQI+ décide de s’emparer de cette vague. Ainsi naît ce qu’on connaît aujourd’hui comme le calendrier queer. Soit, une manière « de déjouer et déconstruire les codes du genre ».
Mois après mois, le projet, jusqu’ici inédit, a pris forme, moyen de montrer
que, « à notre époque, plus personne ne se cache pour se maquiller ou s’habiller comme il le souhaite ». « C’est dans cet état d’esprit qu’est né ce projet, rassemblant plus d’une centaine de bénévoles du paysage queers : artistes drags, illustrateurs, photographes, graphistes… », a-t-on pu lire dans le communiqué de presse. Pour légitimer la noblesse de cette cause, les acteurs décident de reverser l’intégralité des fonds récoltés à cinq associations :
ACCEPTESS-T, GAGL45, Helem, Kap Caraïbes et Ardhis. Sans compter la ferme volonté de rendre visible la communauté, de montrer l’exemple et de s’engager.
UN CALENDRIER HAUT EN COULEUR
De janvier à décembre, huit visages de la scène drag vont figurer dans chacune des pages, certains ayant deux apparitions. Ainsi, on y retrouvera notamment des artistes queers connus dans le Grand Paris comme Icee Drag On, Kreature, Paloma, Sergueï ou encore Chinak La Fey, tou.te.s étant passé.e.s devant l’objectif du photographe expert des créatures, Jean Ranobrac. « Notre équipe avait des idées très différentes pour ce projet. Finalement, nous avons su trouver des compromis, nous allier sur certains avis communs, pour en faire vraiment le produit que nous avions idéalisé. », a confié Emmanuel Quintela, qui est à l’origine de cette initiative.
A lire aussi : L’ARTISTE PÎTRE A ENCORE PLEIN DE CHOSES À MONTRER
De la même manière qu’un calendrier thématique, divers artistes ont représenté un milieu ou un univers. Par exemple, janvier a mis à l’honneur les rois et les reines, juillet a été à l’image du monde aquatique et novembre a été centré sur les cabarets. Enfin, ce qui a constitué là sa démarcation avec une version classique, les dates importantes des luttes LGBTQIA+ et féministes ont remplacé les saint.e.s et fêtes religieuses. « Le projet est conforme à ce que nous voulions. Il est le fruit d’un travail collectif de trois mois. Les Drags qui se sont prêtées au jeu de ce projet étaient toutes plus investies les unes que les autres. », a déclaré Emmanuel. L’initiative s’est terminée en mars dernier, tous les exemplaires ont été vendus. Mais, dans quelques mois, un second est actuellement sur les planches. Emmanuel en parle avec nous.
POUVEZ-VOUS DIRE QUE CE PREMIER CALENDRIER A ÉTÉ UN SUCCÈS ?
Complètement. Ça a été un carton, nous avons écoulé 1000 exemplaires. Et ce en dépit des circonstances, où tous les bars et lieux LGBT partenaires ne pouvaient communiquer sur cette belle initiative dans leurs établissements.
BIENTÔT, VOUS ALLEZ SORTIR UNE PROCHAINE ÉDITION. POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE UN PEU PLUS ?
Désolé, je ne peux rien dévoiler à ce sujet pour l’instant, mais nous vous réservons une grosse surprise. Je vous dirai juste que la personne en couverture de ce deuxième opus, c’est du très lourd (clin d’oeil).
PENSEZ-VOUS QU’IL RENCONTRE AUTANT DE SUCCÈS, VOIRE PLUS ?
Je ne sais pas encore. En tout cas, j’espère que tout le monde sera au garde-à-vous lors de sa sortie (prévisionnelle) en novembre. Et, cette fois, les établissements pourront nous accompagner dans la vente de celui-ci (sourire). N’hésitez donc pas à soutenir nos petites associations, elles font un travail honorable !
UN DERNIER MOT (OU PLUSIEURS) ?
Merci à tous ceux qui ont participé à cette belle initiative. Nous avons côtoyé des personnes tellement impliquées, humaines et d’une bonté sans bornes. L’aventure de ce projet, c’est aussi ça, des rencontres incroyables. Enfin, longue vie au calendrier queer.