Triste dimanche dans le Marais. Ce dimanche 19 janvier est presque un jour de deuil: en allant rue Sainte-Croix de Bretonnerie choisir une pâtisserie dans cette merveilleuse adresse qu’est « une Glace à Paris » je découvre qu’en plus de la librairie « Les mots à la Bouche » qui est délogée fin mars, 4 autres commerces de proximité et lieux authentiques plient bagage : je discute un peu avec Monsieur Sitaieb qui tient la petite épicerie où l’ on trouve tout jusqu’à minuit. Il nous fait un signe d’adieu avec un sourire forcé : « on travaillait ici depuis plus de 30 ans avec mon père, maintenant tout le monde est mis dehors… Alors on s’en va… A la place de l’ épicerie : des fringues, à la place du restaurant « Rendez-vous des amis » ce sera des hamburgers, à la place de la librairie ce sera « Doc Marteens », le magasin voisin, une autre épicerie gourmande plie bagage… Encore des fringues… Enfin à 50 mètres, rue des Guillemites, le dernier brocanteur du Marais ferme et vend tout sur le trottoir à 1 euro pièce pour débarrasser, il prend sa retraite à plus de 70 ans comme tous les commerçants. Il ne restera bientôt plus rien du Marais que j’aimais, je garderai précieusement en souvenir mes 6 verres à bière à 1 euro pièce, souvenir d’une époque où ce quartier avait une âme. N’accusez pas la CGT et les grèves cette fois-ci… Le Guardian défend aussi l’âme du Marais qui disparait
Si même le plus sérieux des journaux britanniques le dit, c’est que cette nouvelle fait le tour de la planète. A chaque librairie qui meurt la « Nabilaculture » s’installe. Nous, les maraisiens qui vivons dans ce quartier depuis 40 ans en avons assez du culte de l’apparence, des fripes mondialisées que l’ on trouve dans toutes les rues de toutes les villes du monde et tuent la diversité et l’ attractivité. La mairie de Paris a aussi sa part de responsabilité en créant un grand centre dédié à la mode rue des Francs Bourgeois (https://www.lesechos.fr/…/lhotel-de-coulanges-transforme-en…). Rue des Francs Bourgeois où plus aucune enseigne locale et indépendante ne survit et où les habitants subissent le sur-tourisme et la surconsommation de masse. Cette même municipalité fait cependant des efforts de recherche pour reloger cette librairie avec un bail « social ». Mais pourquoi les baux commerciaux ne sont-ils pas plafonnés et régulés comme ceux des appartements ?
C’est le phénomène de la mondialisation qui veut cela. A vous d’être consomm’acteur et citoyen et de soutenir les petits commerçants.