Si tous les gays ne sont pas forcément des accros de la sodomie, ceux qui la pratiquent régulièrement, et en particulier ceux qui sont célibataires et accumulent les plans, le savent bien : au moment du rapport, il faut choisir son camp. Dans notre société où désormais tout se consomme et s’évalue, il n’est pas rare d’entendre qu’un mec est un « bon passif » gay. Mais c’est quoi au juste, « un bon passif » gay ?
Un bon passif gay est… propre
La base. Avant d’envisager de se faire prendre, un bon passif gay veiller à être « clean ». Comprendre avoir bien fait son lavement. Rien de pire pour un actif qui commence à doigter son partenaire que de sentir que la voie n’est pas totalement libre. Et on ne parle pas des accidents, des mauvaises odeurs et des draps tâchés. Oops.
Un bon passif gay est… docile
Les premiers à apporter un jugement de valeur sont en général les actifs qui ont l’habitude des étreintes passagères. Les mâles plus ou moins dominants ou machos clameront qu’un bon passif est un garçon qui sait se donner sans rechigner. Le soumis a envie de se faire prendre, il aime ça et le montre en couinant. Il se laisse guider, pourquoi pas diriger et s’abandonne. Il « encaisse » les coups de reins de celui qui entre en lui, qu’ils soient doux ou plus fervents.
Le fait « d’aimer ça » est assez primordial pour ces messieurs machos. L’actif aime voir que son engin procure du plaisir, que ses mouvements font jouir. Pour lui, rien de tel qu’un partenaire qui se met à 4 pattes, qui cambre bien, qui marque son envie et en redemande.
Le culte du Power Bottom
Ce qu’on vient de vous dire vous fait bondir ? Vous avez sans doute raison. Car il y a bien deux grandes écoles : ceux pour qui le passif est légèrement soumis de par le fait de se faire prendre et ceux qui ne jurent que par le « Power Bottom ».
Le « Power Bottom », c’est un passif qui s’assume, pour qui le fait de se faire prendre ne veut pas dire qu’il se rabaisse ou qu’il perd le contrôle, bien au contraire ! Fier et gourmand, il mène la barque en rendant fous tous ceux qui finissent dans son lit. Il n’a pas peur, il est entreprenant et sera le premier à venir s’asseoir sur un sexe pour le chevaucher avec ses fesses. Le fantasme du Power Bottom renvoie à l’image d’un garçon insatiable, très joueur, provocant. Il pousse l’actif dans ses retranchements, gère la cadence et considère que c’est le plaisir de son cul avant tout ! « Baise-moi », « Vas-y plus fort » : il n’a pas peur de verbaliser.
Coquin, il peut lancer des sourires pendant la fellation, il sera le premier à pousser celui qui le prend à jouir en lui susurrant des phrases crues du genre « Donne-moi ton sperme ». Le Power Bottom rappelle qu’il ne suffit pas d’avoir un gros outil et de pénétrer pour avoir le pouvoir. Il sait ce qu’il aime, sait ce qu’il veut et il l’aura.
Le porno gay amoureux des passifs gourmands
Si le Power Bottom a autant la côte, ce n’est pas un hasard : le porno gay l’a érigé en héros. Le profil idéal du bon passif « agressif » ? Il est en général assez jeune, type minet. Et bien entendu, il a des fesses d’enfer. Lisses, rebondies et cambrées au maximum. La star incontestée du genre ? L’américain Brent Corrigan qui depuis une décennie aborde toujours cet air de petit étudiant cochon qui fait se dresser tous les sexes dès qu’il écarte les jambes.
L’amateur de Power Bottom dans le porno vient chercher de la fausse innocence. Quoi de plus excitant qu’un jeune mec de 18-25 ans, air pur, qui se révèle être un diable au lit, gobant les tiges à pleine bouche et grimaçant de façon exagérée alors qu’il ne peut s’empêcher de s’empaler encore et encore ? Ces dernières années on a pu craquer, outre Brent Corrigan, pour le délicieux Hunter Page. Parfait exemple de boy next door perverti. Ces derniers mois, la dernière sensation dans cette catégorie de modèles s’appelle Brenner Bolton. Là encore, un côté gentil voisin, sans poils, qui donne l’impression de vouloir s’en prendre en permanence.
A noter non sans drôlerie : l’un des plus puissants Power Bottom de l’industrie du x gay est en fait hétéro ! Il s’agit de Johnny Rapid, « gay for pay » qui s’est illustré un nombre incalculable de fois dans des gang bang. Et oui…
On n’échappe pas au slut shaming
La misogynie ce n’est pas que chez les hétéros et les passifs sont souvent la cible des mêmes excès et travers que ce que peuvent rencontrer les femmes. Si l’actif qui se vente à longueur de journée de « démonter des culs » sera toujours considéré comme un type rigolo, un coq, un champion, le passif qui revendique de se prendre de la queue sera vite désigné comme « une salope ».
Comme il peut être compliqué pour les filles de balancer à leurs amies « Il m’a défoncée, c’était trop bon », le passif se fait souvent plus discret. Même en 2016, on a toujours du mal à respecter les personnes qui se font prendre, on les culpabilise, on les juge, on trouve cela de mauvais goût quand elles s’affirment.
Le passif, mis à part chez des labels qui se revendiquent « respectueux » comme Cockyboys est en général, dans les vidéos et les textes de présentation, rabaissé, vulgarisé.
Un bon passif… aime les bons actifs !
Face à ce « slut shaming » déplorable, les passifs ne se laissent pas faire ! Ce n’est peut-être pas la meilleure des stratégies mais ils retournent les diktats et pressions contre les actifs. Ils cherchent un « bon actif », un « actif TBM », un « mec un vrai ».
Faut-il y voir une répercussion directe des images pornographiques ? Toujours est-il qu’encore beaucoup de gays envisagent le sexe comme un rapport de force permanent. Comme s’il fallait toujours que l’un des deux ait le pouvoir, que ce soit la guerre. Et si on arrêtait de se juger et qu’on faisait la paix ?