Avec Entre larmes et lumières, Gill Amet-Dumiot remet au goût du jour l’univers du ballet. Dans cette pièce de théâtre, l’auteur met en abîme l’histoire d’une autre époque dans une dimension gaie.
« La pièce s’ouvre sur Gul, le narrateur, qui, devant le rideau rouge fermé, commence ainsi : mon cœur s’est ouvert ce jour et ce qui en découle, je vais vous le raconter là ». (Entre larmes et lumières)
Avant le premier acte, Gill Amet-Dumiot accorde une importance au scénariste dans l’histoire à venir. C’est un récit dans le récit qui se pose alors au lecteur, singulier entre tous, où tous les éléments ne sont que pure fiction. Dès les premières lignes du texte, Gul annonce les personnages qui vont peupler la pièce. Le cadre spatio-temporel de la pièce de théâtre s’installe naturellement :
« Cela se passe en 1835 à Yalta, nous sommes dans la première moitié du XIXe siècle ».
C’est le point de départ d’une longue histoire à venir, réparties en trois actes justements établis. Le thème, la création d’un ballet signature.
D’amour et de dispute
Tout commence par une querelle entre le célèbre danseur étoile et recruteur de talents, Grishka, et son ancienne compagne, Eva. Le motif, la jeune femme n’arrive pas à digérer leur séparation, bien des années après. La jeune femme le met rapidement en porte-à-faux et retourne la situation à son avantage grâce à une révélation : elle lui a caché l’existence de sa fille, Natacha, conçue avec Olga. C’est un choc pour le héros. Le nœud de l’intrigue est à présent en place.
Au fil des scènes et des actes, les membres de la troupe s’écartent les uns des autres. Des triangles amoureux se mettent en place. Le maître mot est aux quiproquos. Aux premières loges, le lecteur assiste au spectacle mis en abîme par un auteur qui prend plaisir à créer des problèmes. Finalement, l’étau se resserre autour d’une seule et même personne, le créateur du ballet en personne. Le clap de fin sonne son glas et ferme sa boucle sur un dernier spectacle de célébration. L’éternel recommencement s’annonce, où personne ne ressort indemne. C’est un huis clos dans toute sa splendeur.
Un travail sur les codes
Avec Entre larmes et lumières, Gill Amet-Dumiot manie avec brio les codes de la langue et des arts et aime les tordre pour mieux les détourner. L’auteur éparpille les informations, tel un jeu, pour mieux mettre son lecteur dans l’attente. Dans une langue essentiellement française, il rend éparse l’usage de quelques mots en Turc, langue proche du pays où se déroule l’intrigue.
« Pendant mon enfance, j’ai été bercé par la littérature russe de Tolstoï, ai fait de la danse. Je n’ai eu qu’à ressortir ce qui était en mon for intérieur », confie l’auteur au sujet de la pièce.
Dans une complète immersion dans le monde du ballet, la musique, le chant et la danse sont au cœur des répétitions intenses de la troupe. Le tout est accompagné des désirs interdits et des petits mots glissés dans le plus grand secret. Inouï !
Plus d’infos :
En complément du texte, disponible ici aux éditions du Panthéon, une représentation en pièce de théâtre et une adaptation en film vont être réalisées. Une lecture d’extraits choisis sera effectuée à la Librairie Théâtrale, le 8 novembre, suivie d’une séance de dédicaces.