LES DÉRIVES D’ACT UP !

TRIBUNE

Que faut-il penser de l’association de lutte contre le Sida, qui s’en est pris directement aux forces de police présentes le 21 octobre, pour nous protéger lors du grand rassemblement contre les LGBTphobies, place de la République? Après quelques jours de réflexion, comment interpréter ce comportement agressif et anti unitaire, lors de cette manifestation organisée conjointement par SOS Homophobie et l’Inter-LGBT.

Par Christophe Soret

ous y étions, bien sûr, présents. Plutôt bien placés entre le podium des discours et le groupe d’Act Up tout de noir vêtu. Mais, le souci principal de cette manifestation, était bien le comportement de cette association qui, clairement, tourne le dos à la communauté et aux quarante associations qui, ce jour-là, étaient réunies pour porter un message de cohésion dans l’avancée de nos droits.

Le ton était donné !

Dès le départ du discours d’Act Up et de son coprésident, Marc Antoine Bartoli, le ton était donné. Il qualifiait cette manifestation de « Mascarade »: « Act Up Paris fait le choix de ne pas répondre à l’appel conjoint de SOS homophobie et de l’Inter-LGBT. Si l’initiative ne peut être que saluée, la forme pose aujourd’hui question quant à la représentation de celles et ceux qui se battent chaque jour contre les LGBTphobies et l’oppression des minorités de manière générale ».

Dès lors pourquoi venir prendre la parole et perturber les discours positifs? Pourquoi s’imposer et quasiment arracher le micro pour nous interpeller sur la clairvoyance d’Act Up à nous expliquer que nous avons tort d’être là ?

Et, bien plus grave, pourquoi s’en prendre à Guillaume Mélanie, président d’Urgence Homophobie venu témoigner à la suite de son agression et qui, à juste titre, demande le soutien des ministres de l’intérieur et de la justice pour que les plaintes d’agressions LGBTphobes soient traitées avec diligence. Celui-ci a été violemment pris à partie par une jeune militante d’Act Up, au visage dissimulé derrière un bandana noir, qui l’a clairement insulté. Agression qualifiée à juste titre de « seconde agression » par Guillaume Mélanie très ému par cette situation inadmissible.

Act Up s’en prend directement aux forces de polices

Mais cela ne s’arrête pas là ! Act Up s’en prend directement aux forces de polices, présentes ce jour-là pour assurer la sécurité des participants,et les insulte : « Tous les flics sont des salauds ! […] Police, violeurs ! […] Police, assassins ! » Mais dans quel monde vit Act Up ? Pas le mien en tout cas car, à la suite de la dégradation de nos locaux, la police a été irréprochable à tous les niveaux.

Certes, les plaintes ne sont pas toujours traitées très rapidement, mais invectiver de la sorte les forces de l’ordre quand on est une association luttant contre le Sida, est-il bien légitime ? Act Up n’est-elle pas devenue trop politisée suite au changement de l’équipe ?

Tout porte à le croire. Surtout lorsqu’on lit les messages internes que nous avons réussi à nous procurer grâce à un militant dégoûté de ce qui se passe. Ainsi peut-on lire dans certains e-mails les messages suivants envoyés juste avant la manifestation :

« Hello. Dimanche 21 à 16 h, Act Up-Paris organise un contre rassemblement suite à l’appel de l’inter-LGBT. Nous allons aller à leur rassemblement pour crier nos revendications contre la police, contre le capitalisme, contre la complicité des LGBT-macronistes, racistes, pro-Mariage pour tous, anti-précaires. Rejoins-nous à 16 h à l’angle de la rue du Temple et de la place de la République où nous formerons notre cortège pour rejoindre la place à 17 h » [Lou Depreaux-Kraviec].

« Nous devons avoir une ligne politique explicite et clairement compréhensible par d’autres masses LGBTQI que celles qui vont “blanchir” leur participation à la lutte contre les agressions LBGTQphobes au gré d’une APM en déambulant au soleil. Notre position sur cette manif est précisément d’en prendre le contre-pied politique et d’expliquer les enjeux sous-jacents, implicites. Et rappeler la radicalité de l’ensemble de la lutte. » [Fabrice].

Que viennent faire tous ces termes de contre-rassemblement, de revendications antipolice, anticapitaliste, « antimacronisme », de ligne politique et de radicalité, dans notre lutte pour sensibiliser les Français aux LGBTphobies ? Faut-il hyper radicaliser notre message et le politiser à l’extrême pour arriver à nos fins ?

Les réseaux sociaux en colère

Absolument pas ! Et les réseaux sociaux l’ont clairement dit après les prises de position d’Act Up. Les condamnations ont été massives ! Quelle peut être encore la légitimité de la nouvelle équipe de l’association à porter le combat contre le Sida ? Pour ma part, il est clair que leur radi- calisation politique à l’extrême gauche ne sert pas la cause d’une maladie qui me concerne.

Je ne peux en aucun cas me reconnaître dans cette association qui n’a eu, dimanche dernier, qu’une visée déstabilisatrice et qui n’était là que pour perturber, face aux nombreux médias, un rassemblement unitaire et positif.

Rappelons à toutes fins utiles, que l’ancienne équipe d’Act Up, poussée dehors par le harcèlement de nos jeunes radicaux, a créé l’associationLes ActupienNes, et que leurs travaux portent bien sur la lutte contre le VIH, l’aide aux malades et, en particulier, pour les plus précaires et les migrants. Tout simplement et sans moyen, mais avec une réelle préoccupation pour la maladie et les malades !

 

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