On ne va pas se mentir : qui ne s’est jamais vu proposer un plan chems en boîte ou sur une appli ? Auparavant beaucoup plus discrets, aujourd’hui les « chems », contraction du « chemical » anglais, apparaissent en clair et en toutes lettres, et les « plans de ce type » se banalisent.
UN PLAN CHEMS, C’EST QUOI ?
Lorsque l’on prévoit un plan chems, on envisage à l’avance de consommer une ou plusieurs drogues récréatives pendant le ou les actes sexuels. Alors qu’un plan dit « classique » dure généralement maximum deux ou trois heures, un plan chems peut s’étaler, par exemple, sur tout un week-end. Le mot « chems » est d’ailleurs utilisé au pluriel car, souvent, plusieurs drogues sont consommées simultanément pendant le plan [3MMC, 4MMC, GHB, etc.].
VRAIMENT TOUS CONCERNÉS ?
Face à leur banalisation, il devient parfois difficile de résister à la tentation de tester un plan chems ne serait-ce qu’une fois. Sauf qu’avec les chems, l’occasion et l’envie d’y re-goûter resurgit souvent et l’on ne se limite généralement pas à un seul plan, pensant à tort pouvoir garder la maîtrise de sa consommation. Ainsi, avec le temps qui passe, rares sont ceux qui ne renouvellent pas l’expérience et un cercle vicieux s’installe : on en demande plus, on en commande plus, et les week-ends perchés s’accumulent.
LES PRISES DE RISQUE AUGMENTENT
Lors d’un plan chems, l’envie de baiser, sans capote par exemple, devient tentante. Que l’on soit séronég ou séropo, l’utilisateur prend des risques supplémentaires, qu’il estime maîtrisés, et ce de manière consciente ou inconsciente car l’on ne se rend vraiment plus compte de rien. Les prises de risque s’enchaînent jusqu’au partage de matériels, comme les seringues ou les pailles, ce qui accroît fortement les transmissions d’IST.
Face à leur banalisation, il devient parfois difficile de résister à la tentation de tester un plan chems ne serait-ce qu’une fois.
LE CHEMS AU QUOTIDIEN
Sans s’en apercevoir, les chems peuvent s’installer dans nos vies. Il n’est pas rare que les utilisateurs en viennent à en consommer seul et en dehors d’actes sexuels. Pour ne citer qu’un exemple : après une journée de travail un peu rude, on peut être tenté de se faire une « petite ligne » ou un « petit slam » pour redonner un petit coup de starter. D’ailleurs, dans l’univers du chemsex, tout devient petit : il n’y a que des « petits » consommateurs, qui ne prennent que des « petites lignes » et qui ne slament qu’avec des « petites doses ». On a tendance à minimiser alors qu’au final l’addition [ou plutôt l’addiction] est plutôt salée.
QUELS EFFETS SUR LE LONG TERME ?
Fatigue, atteinte au foie et aux reins, isolement, mensonges, arrêts de travail… La liste des effets collatéraux des chems n’est pas exhaustive. Ainsi, il ne faut pas perdre de temps pour réagir en étant lucide avec soi-même et en s’interrogeant sur les raisons de sa consommation : consomme-t-on pour masquer un mal-être ? Un malaise dans son couple ? Dans son boulot ? Peu importe la situation, il faut la voir en face : aucune drogue, quelle qu’elle soit, n’améliorera un mal-être et la seule solution est de faire le point avec soi-même.
COMMENT FAIRE LE POINT?
Il faut s’interroger pour savoir si l’on se sent prisonnier ou non des chems afin de pouvoir se situer vis-à-vis de sa consommation. Posez-vous ces deux questions : « chems » rime-t-il avec « plaisir », « nécessité » ou « automatisme » ? Vos relations sociales ont-elles changé ? Si vous avez répondu « oui » et que les chems sont devenus systématiques, c’est qu’il est temps de faire le point. Listez les points positifs et négatifs de votre consommation et observez de quel côté penche la balance. Si le négatif domine, c’est qu’il est temps d’agir.
QUELS OUTILS AUJOURD’HUI POUR AGIR ?
Plusieurs leviers sont envisageables pour diminuer votre consommation : commandez moins de produits, vous fixer une limite en quantité pendant un plan, notez l’heure de vos prises voire ne plus en détenir chez soi. Jour après jour, en reprenant le contrôle de votre consommation, vous redeviendrez maître de vous et il n’y a pas de bon ou de mauvais moment pour reprendre le contrôle de votre vie. Que l’on soit tenté d’essayer ou fortement accro, chaque instant est le bon pour en parler et pour échanger afin qu’à aucun moment on ne puisse se sentir seul ou démuni.
PLUS D’INFOS :
Que l’on soit curieux ou consommateur, juste tenté ou déjà addict, le centre LGBT de Paris vous invite le jeudi 29 novembre à 20 heures pour une causerie santé spéciale « chemsex ». En présence de spécialistes sur la question, vous pourrez poser toutes les questions que vous souhaitez sans aucun préjugé sur les chems, leurs effets, leurs méfaits et sur les différents outils pour maîtriser votre consommation. Centre LGBT de Paris
63, rue Beaubourg – IIIe arr. Tél.: 0143572147 centrelgbtparis.org