Si vous fréquentez régulièrement ce lieu mythique de la culture gay, vous avez forcément déjà croisé cet homme à la démarche nonchalante, mais au regard vif et lumineux derrière ses lunettes. Au-delà de son statut stricto sensu, au Tango, Meziane est partout.
Des répétitions de spectacles en passant par l’accueil des clients à l’entrée, c’est l’homme sur qui peut compter Hervé Latapie, le gérant fondateur de cette société de production d’événements, et les nombreux fidèles de ce lieu qu’il se plaît à choyer tant il les connaît bien. « Ce sont des gens qui se sentent peu reçus ailleurs et qui ont envie d’être considérés.
On a un vrai mélange ici. Il n’y a pas de sélection à la porte, on n’a pas de tables VIP. Tout le monde est à la même enseigne. Ils ne viennent pas consommer de la nuit, ils viennent faire la nuit. Les gens viennent pour discuter, danser. Je suis attaché à cette clientèle », commente-t- il. L’originalité passe aussi par la musique : « Le Tango, ce n’est pas un lieu à la mode. C’est un lieu mythique, car il a plus d’un siècle.
Avant, c’était un bal musette. Aujourd’hui, on commence aussi nos soirées avec ces danses à deux : des valses, des tangos… Puis, à partir de minuit et demi, on met une musique plus moderne, tout sauf électro. ». Pas question de coller aux dernières tendances, Meziane veut qu’on se sente bien chez lui.
Passionné de décoration, c’est finalement vers la coiffure que se tournera rapidement ce ls de père algérien et de mère française. Finalement, il prendra goût au service des gens dans le restaurant de sa mère. Après plusieurs expériences, s’ensuit un « passage à vide » qui lui permettra de découvrir le monde associatif au Centre LGBT de la rue Keller.
C’est à ce moment-là, il y a douze ans, qu’Hervé Latapie vient le chercher pour travailler avec lui dans un bar nommé La Petite Vertu. Malgré l’aventure éphémère, ce sont cinq années qui marqueront le début d’une véritable amitié entre lui et celui qui est surnommé La Taulière. Un sentiment que Meziane retrouve avec son équipe actuelle : « Ici, c’est vraiment la famille. Avec Gilles, Hervé, Youssef et les autres, on s’engueule mais on s’entend très bien : il n’y a pas d’ego surdimensionné. »
Une humilité et un sens du service présents au Tango où tous les dimanches sont proposés des thés dansants organisés par différentes associations. Une façon de maintenir un lien communautaire qu’il juge nécessaire. « Tu allumes ta radio et tu comprends que c’est important d’avoir des lieux où l’on se rassemble ». Ce n’est donc pas de sitôt que ce Parisien natif, aux yeux encore amplis de rêves, quittera le parquet de cette inaltérable… boîte à frissons.
Pour plus d’infos : www.boite-a-frissons.fr
Par Grégory Ardois-Remaud