« En hors d’œuvre, on commence cool avec une petite enfance aigre-douce, suivie d’une adolescence sauce psycho. En plat de résistance, une bonne tranche d’Amour… ». Le menu paraît appétissant mais avec ce récit, signé Eric Sagan, il nous manque comme un dessert pour mieux apprécier l’ensemble du repas.
En effet, le synopsis nous propose un pro- jet appétissant. « Il était une fois un gar- çon d’une vingtaine d’années qui tombe amoureux d’un mec. D’un mec hétéro. Mais ce garçon se met en tête d’écrire une lettre […]. Cette lettre, il la donne à Hervé. » Cette mise en bouche savoureuse, nous pousse à nous installer confortablement à la table de l’auteur s’attendant à une dégustation épicée, à la cuisson saignante.
Le dessert se fait attendre…
On ne peut enlever la qualité de la plume de l’auteur. On y dénote un certain nombre
de phrases bien senties, de passages où la plupart des gays se reconnaîtrons dans leur combat pour être accepté, dans leur combat pour s’accepter soi-même. En somme il n’y a aucune difficulté dans l’adhésion au texte, même si la banalité des situations nous entraîne à lire de plus en plus vite pour entendre le n mot de l’histoire. Bref, ça manque de sel !
Seulement, même si frugaux, l’entrée et le plat étant plutôt réussis, on attend avec impatience le dessert. On salive, on n’en peut plus ! On entre dans les vingt-cinq dernières pages, la tension monte. On est au comble de l’excitation. Sauf que…
La chute arrive… et on se demande s’il n’y a pas des pages qui ont été zappées à l’impression, si le gâteau ne manque pas de cuisson. Ce texte serait une très belle base pour un texte plus ambitieux. Mais que deviens cette lettre après ? Quelles en sont les conséquences ? La somme d’attentes fait que l’on reste sur notre fin.
On ne peut que souligner le courage de l’auteur en mettant sur la place publique une histoire vraie. Dommage qu’elle soit aussi peu charnue et convenue.