Depuis juin 2013 et la loi « anti-propagande des relations sexuelles non traditionnelles devant mineur », les passages à tabac visant les homosexuels se sont multipliés en Russie. Anton et Vlad, en couple depuis longtemps, le savent et doivent faire attention à ne pas trop se faire remarquer. Un soir, ils croient assister à un meurtre homophobe.
Anton voudrait intervenir mais Vlad, avec lui dans une voiture, l’en dissuade et préfère accélérer. Pris de remords, Anton décide de découvrir ce qu’il s’est vraiment passé. Son enquête, périlleuse, met à mal son couple, le jeune homme reprochant son comportement à Vlad…
Jonathan Taieb, un jeune cinéaste français déjà maintes fois récompensé, a la volonté d’alerter sur les ravages de l’homophobie qui sévit quasi légalement en Russie. Il porte cette fiction inspirée de faits réels, interprétée par des acteurs russes, mais tournée en Ukraine. Récit de la traque que mène un jeune Moscovite déterminé à retrouver les as- sassins d’un adolescent gay.
L’atmosphère est forte : obsédante, oppressante. La recherche des coupables prend une dimension mentale, devient une dangereuse errance pour le justicier qui se fait appât…
Jonathan, nous éclaire un peu plus ce polar anti-haine.
D’où est venue la genèse de cette idée de film qui est une fiction au départ ?
Les vidéos de safari-party, ces vidéos où des homosexuels sont pris à partie et tabassés fleurissaient sur le net. Nous en avons découvert certaines, elles sont très accessibles et vues par des millions de personnes. Leurs violences nous ont sui- vis plusieurs jours, et nous avons conti- nué à nous renseigner sur cette politique. On s’est demandé comment une telle politique pouvait agir sur la vie d’un individu opprimé, sur ce que cela créait en privé. «Stand» est né comme ça.
Pourquoi selon toi en est-on arrivé à une telle situation en Russie ?
Je ne peux pas vraiment répondre à cette question, il y a énormément de paramètres à prendre en compte et nous avons décidé de faire un film qui reste sur le plan de l’humain et qui joue sur la corde de l’universel et de l’atemporel. Malheureusement, des homophobes violents, il y en a partout.
Dans quelles conditions s’est passé le tournage ; le faire en Russie était bien sûr impossible ?
Le problème avec un tournage en Russie c’est qu’il nous fallait des visas qui coûtent cher et qui sont longs à obtenir. La situation en Ukraine est la même qu’en Russie. À Kharkov, dans la ville où nous avons tourné, le groupe «Occupay Pediophilia» a fait une victime dix jours avant notre tournage.
Nous étions cachés et concentrés sur notre objectif de terminer ce film. Nous avions des aides sur place et un budget spécial corruption ! L’objectif nous dépassait et le fait d’être focalisés sur ça nous a permis de terminer le film sans pépins majeurs.
Tu as tourné des images au plus près des personnages, est-ce pour renforcer le côté réaliste et oppressant de ce film ?
C’était le meilleur moyen d’être à la fois discret et efficace ! Ce fut un tournage secret, avec aucune autorisation, on avait le matériel minimum pour tourner un film, notre caméra faisait à peine douze centimètres.
Le fait d’être près des comédiens nous permettait de pouvoir nous enfuir rapidement en restant groupés en cas de problèmes. Ça permettait aussi d’isoler Anton dans sa bulle et de partager un peu sa pression avec le spectateur.
Pourquoi une personne aussi jeune que toi décide-t-elle de s’engager dans des films aussi durs et militants ?
J’ai tourné mon premier court-métrage, il y a dix ans et faire un film indépendant nécessite un investissement total à plu-sieurs niveaux.
Naturellement, je préfère le faire pour des sujets qui en vaillent la peine.
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