Cazwell, est un artiste avec de multiples casquettes. Il est gay. Il a du succès comme artiste gay.
Ses clips sont vus des millions de fois sur les réseaux sociaux. Il est typiquement un enfant de la génération Internet qui permet aux talents de s’affranchir des circuits traditionnels et de se révéler directement au public.
Rencontre avec le prince des nuits de New York.
Tu es l’une des icônes de la scène gay new yorkaise et le symbole du renouveau des nuits de NYC. Avec le recul, que penses-tu avoir apporté de singulier pour arriver aujourd’hui à ce statut?
J’apprécie la vie nocturne et je ne me vois pas quitter ce milieu. Définitivement, l’énergie des différentes scènes du clubbing me recharge et garde ma créativité renouvelée. J’ai toujours voulu travailler là où les gens vont pour s’amuser et faire la fête. Je ne vois pas m’arrêter de sitôt.
Tu es sexy, drôle, tu sais jouer de ton physique et de celui de tes danseurs. Le mélange muscle et second degré est une recette universelle pour toucher le public gay?
Je lance beaucoup de soirées et quand je réfléchis aux ingrédients à mettre en place pour réaliser un bel événement, j’utilise toujours les vieilles recettes qui ont fait leur preuve : danseurs et gogo boys. J’utilise la même approche dans mes vidéos, surtout quand il s’agit d’un titre sexy. Avoir des gens sexy et montrer beaucoup de peau (et donc peu de vêtements) est la recette universelle pour toucher tous les publics, homosexuels et hétérosexuels.
Les artistes, les media, la mode entretiennent le culte de l’apparence. L’exhibition 2.0 s’affiche sur les réseaux sociaux, les sites de rencontre et les applis de chat. Dans ton dernier clip « No Selfie Control » qui fait le buzz sur la Toile, tu portes un regard amusé sur ce phénomène de « l’autoportrait ». Doit-on y voir chez toi de l’autodérision à parodier de nouveaux comportements adoptés par les artistes eux-mêmes de plus en plus exhibs?
La vidéo et la chanson « No Selfie Control » parlent de comment une personne au quotidien devient un peu plus exhibitionniste et obsédée par son image en ligne. Comme les célébrités exploitent leur image en ligne et la diffusent en masse au plus grand nombre, cela affecte la façon dont le public perçoit les médias sociaux et comme chacun d’entre-nous veut voir représenté sa propre image. On est arrivé au point où les gens utilisent tous les outils et application disponibles pour parfaire leur image. Chacun semble avoir deux identités, son identité en ligne et qui il est quand il sort de chez lui. Lorsque les frontières commencent à s’estomper, c’est là que ça devient un peu bizarre.
Clip et chanson semblent intimement liés. Imagines-tu d’abord les paroles, la musique ou les images?
Définitivement les paroles, tu dois savoir ce que tu veux dire avant que tu puisses choisir la direction du son. Dans mon expérience musicale, c’est mon processus créatif. Les idées pour l’interprétation visuelle commencent à se former plus tard, comme si tout venait ensemble.
Tes clips sont d’un niveau de production digne des plus grands. Comment sont-ils produits? Travailles-tu avec la même équipe sur le long terme?
Merci, j’apprécie le compliment 🙂 En général, je dispose d’un budget limité pour mes vidéos, mais j’ai appris à être extrêmement ingénieux et je travaille avec des équipes au talent inestimable. Je travaille avec des gens très créatifs sur mes vidéos. Ce ne sont pas toujours les mêmes mais ce sont toujours des amis, et cela dépend ensuite de l’orientation artistique que je recherche. Ceux avec que je travaille doivent être tout aussi excités que moi au sujet de la chanson. Je suis très chanceux d’avoir autant d’amis créatifs qui croient en moi.
Qui s’occupe du casting des danseurs? lol
Je le fais, bien sûr! En fait le réalisateur Marco Ovando et moi-même gérons les casting. Les garçons qui dansent dans mes vidéos sont nos amis. Certains d’entre eux dansent dans nos soirées mais de manière générale nous les connaissons tous de la scène du clubbing à New York. je fais aussi quelques auditions maison de candidatures envoyées par email. C’est toujours amusant. Continuez à venir à nous les garçons!
Tu as collaboré avec de nombreux artistes. Tu viens de produire et composer le premier album d’une autre icône gay-friendly, Amanda Lepore. Comment se font les rencontres, qui a le coup de foudre en premier? 😉
J’ai rencontré Amanda quand j’ai déménagé à New York City. Elle avait l’habitude de travailler chez Patricia Fields. Elle y faisait du maquillage et nous avons commencé à parler. Une année elle m’a demandé de réaliser une performance pour sa fête d’anniversaire et depuis nous trainons tous les deux non-stop. La première chanson que j’ai écrite pour elle était «Champagne», car je n’ai vu personne tenir une coupe de champagne plus parfaitement qu’elle. Quand j’ai écrit des chansons pour son album, je voulais qu’il soit aussi autobiographique que possible. Amanda est la personne la plus intéressante que je connaisse et mon objectif était de raconter son histoire et son point de vue à travers la musique.
Tu as participé à un épisode de l’émission RuPaul’s Drag Race. Tu as ton émission, Boombox, sur la chaîne Here. Tu aimerais faire plus de choses en télé?
Oui! J’ai vraiment envie de faire plus de télé. J’ai adoré faire partie de RuPaul’ s Drag Race. Je pense effectivement que c’est la meilleure émission de télé réalité en ce moment. A travers le monde , ce show a aidé les gays à traverser le salon des hétéros d’une manière tout à fait unique. Dans le même temps, il apporte chaque semaine un bout d’univers gay dans chaque état américain où le public se réunit pour regarder le show. Comme la popularité de l’émission grandit, elle devient de plus en plus comme un Super Bowl gay!
Tu es professionnellement très sollicité aux USA. Qu’en est-il de l’Europe même si tu es déjà venu à Paris sur invitation de Dior Hommes pour une after-party?
Oui, Amanda Lepore et moi avons réalisé une performance pour une after-party de Dior Homme et ce fut un très grand honneur. Je suis tombé en amour de Paris depuis que j’ai lu le livre Giovanni’s Room de James Baldwin quand j’étais adolescent. J’espère que je pourrai revenir bientôt. Je tombe un peu plus amoureux de Paris chaque fois que je suis là.
Tu es le parfait exemple qu’on peut être gay et se construire une carrière ouvertement gay-friendly dans l’Entertainment. Penses-tu être une exception ou espères-tu plein de nouveaux Cazwell demain?
Bien sûr, il n’y a qu’un seul Cazwell! (LOL) Mais j’espère qu’il y a une quantité infinie d’artistes, des chanteurs et des rappeurs ouvertement homosexuels qui nous permettent de gagner en visibilité et en exposition. Plus nous serons présents, plus nous seront intégrés en tant que gays et plus nous aurons de chance d’accéder à une complète égalité. Quand j’ai commencé dans l’entertainment, il était difficile d’obtenir un concert même à la Gay Pride parce que personne dans la communauté gay ne voulait entendre du rap ou ne pouvaient comprendre le message. Donc, ils n’ont embauché que les grands noms, les divas maison pour chanter durant les spectacles. Maintenant Mykki Blanco, Le1f et moi-même sommes en tournée dans tous les types de clubs et de soirées.
Tu es compositeur, chanteur, performeur, chorégraphe, Dj, producteur. Si tu devais choisir un seul métier, lequel serait-ce?
Définitivement performeur. C’est là que je suis le mieux et c’est ce que j’aime faire plus que toute autre chose. J’ai bien l’intention de faire ça le reste de ma vie. J’aime aussi la production et l’écriture pour d’autres personnes. Tant que je peux subvenir à mes besoins juste en faisant de la musique, je serai un homme heureux.
Merci Cazwell et en espérant te voir bientôt à Paris. Attention, si tu es célibataire, tu sais qu’on peut se marier entre garçons à présent en France 😉
Je suis célibataire maintenant et la dernière chose que je veux faire, c’est se marier 🙂
Le site officiel de Cazwell ICI